Les enfants et les écrans

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Je plaide coupable : mon temps devant les écrans est bien plus élevé que dans mon idéal. Je parle de MON temps devant les écrans car avant d’imposer aux enfants une règle de vie saine dans un domaine, il faut s’assurer qu’on l’applique également à nous-mêmes. J’ai choisi d’introduire la tablette dans notre quotidien. Et là, encore une fois, selon certaines règles. Je considère que c’est un très bon outil pour apprendre de manière interactive. Titi peut l’utiliser uniquement quand Néné dort. Sur des applications présélectionnées (évidemment) : jeux qui font écho à de vrais jouets physiques, jeux favorisant la créativité (dessins, musique, …), histoires interactives (lectures, ebook, …), … Ce n’est pas la tablette qui doit faire l’éducation de mes enfants, mais elle doit être un support d’apprentissage au même titre que toutes nos autres activités. Je n’ai pas fixé de temps maximum, car on est pour l’instant naturellement limité par la sieste de Néné. J’envisage de créer quelques applications en cohérence avec mes attentes éducatives. Mais c’est encore à l’état de projet.

Pas d’écran avant 3 ans ?

Vous avez certainement entendu dire le fameux adage : pas d’écran avant 3 ans. C’est une règle qu’on a réussi a respecté pour Titi (qui a aujourd’hui 4 ans), sauf quelques exceptions bien sûr. A l’époque, il n’y avait pas tous ces débats autour de la question. En tout cas, je ne m’y suis pas vraiment intéréssée. On s’est simplement dit qu’il y avait bien d’autres choses à faire que de rester devant un écran (et pas que pour les petits d’ailleurs !). Ce n’était pas très compliqué, étant donné que nous mêmes, n’utilisions pas vraiment d’écrans à la maison. Je pense que si Titi avait vu des adultes constamment scotchés sur leur portable ou leur tablette, cela aurait été différent. J’ai un peu ri quand j’ai vu une émission sur le sujet, parce que je ressemble beaucoup à cette maman qui détourne le regard de son fils lorsqu’il y a la télévision, voire même qui change de pièce. Je ne trouve pas que ce soit un comportement excessif, et si on peut le faire autant le faire. C’est vraiment un choix, presqu’un sacrifice pour certains, de prendre le temps de rester avec les enfants, rien que pour rester eux (et non pas être occupé à quelques tâches en surveillant les enfants du coin de l’oeil) . Néanmoins, avec un peu de recul (et surtout avec un 2ème enfant), je me rends compte des limites de cette façon de voir.

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Je disais donc, Titi a eu le privilège d’être épargné d’écrans jusqu’à environ 3 ans. Pour Néné, c’est différent. D’une part, il a un grand frère (qui regarde un peu des écrans), d’autre part, j’ai repris le travail sur l’ordi, donc devant un écran. Comme je le disais précédemment, on ne peut pas demander à un enfant de ne pas regarder un écran si on est nous-mêmes constamment devant (même si c’est pour faire des choses intéressantes ou importantes). La vraie question à se poser, c’est comment sont utilisés ces écrans. Est-ce pour nous libérer du temps libre en « occupant » l’enfant par la tablette/télé ? Est-ce pour lui montrer de nouvelles choses ? Bien sûr l’un n’exclut pas l’autre, encore faut-il ne pas bâcler le temps de préparation. Donc oui, je perds un peu de temps pour le préparer, mais au moins ce sera fait de façon intelligente. L’écran est un support et le contenu doit être une source de discussion et d’échange avec nous et non pas une babysitter. L’enfant, particulièrement dans ses premières années, a besoin de manipuler des objets, toucher des choses concrètes, de la « vraie vie » avec ses mains. Ainsi, si possible, il vaut toujours mieux privilégier les sorties ou les jouets « physiques » que le virtuel. Les tablettes peuvent être aussi un complément, pour montrer des choses qu’on ne voit pas habituellement : un lion dans la savane (et encore, on peut aller voir un lion au zoo …), un pays éloigné, …

Contrôle en amont

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On ne laisse pas un enfant devant un écran sans contrôler ce qu’il regarde. Chez nous, pas de YouTube en mode « navigation seul », pas de télé (je ne connais pas les programmes, même si je n’exclus pas le fait qu’il y en ait des intéressants). Concernant dessins animés et documentaires, je fais une sélection que je diffuse sur le grand écran en utilisant YouTube, la médiathèque numérique et les DVD (oui, on emprunte encore des DVD). La durée ne doit pas dépasser 1h (et encore, ce seuil est déjà bien trop élevé à mon sens, j’essaie de le réduire progressivement). Pour les DVD ou les « films » à la demande, c’est compliqué, car généralement, 60 minutes, c’est la durée minimale. Pour le reste, c’est-à-dire généralement sur Youtube, j’ai plusieurs critères de sélection (généralement, cela se fait « naturellement », ce ne sont pas vraiment des règles) :

  • j’évite les contenus non officiels, c’est-à-dire que même s’il y a une tonne d’épisodes disponibles dans la recherche, je préfère aller sur la chaîne officielle, même si celle-ci n’est pas forcément toujours à jour (pas de vidéos récentes).
  • pour les dessins animés, ma préférence va vers ceux qui se rapprochent le plus de la réalité (par exemple, qui présentent de « vrais » enfants et pas des animaux qui parlent). Mais je constate malheureusement que ce genre d’épisodes se fait de plus en plus rares. Donc, nous avons également introduit des dessins animés plus « imaginaires », ce qui n’est pas plus mal car Titi fait bien la part des choses entre « pour de vrai » ou « que dans les dessins animés ».
  • je reprends également des dessins animés qu’il aurait rencontré ailleurs. Petit Ours Brun, qui fait partie des magazines qu’on lit régulièrement. Tchoupi qui a été introduit à l’école. Des personnages issus des DVD empruntés que Titi aurait choisi… Je ne reprends pas tout, mais on s’adapte.
  • j’aime beaucoup les petits épisodes qui nous apprennent de nouvelles choses. Je ne souhaite pas submerger Titi de connaissance dès son plus jeune âge. On n’est pas là pour en faire « un génie » et lui mettre la pression de tout savoir tout de suite. Mais le fait est qu’il est très curieux, et il aime beaucoup apprendre. Et puis, on a pris l’habitude de lui dire les choses telles qu’elles sont, et ne pas lui raconter n’importe quoi. Voici le type de playlists que je peux proposer aux enfants :
  • On restreint le temps d’écran à des tranches horaires précises. Ce n’est pas une activité « libre service » où l’enfant prend la télécommande et zappe à sa convenance.
  • Encore un choix personnel : on reste un certain temps sur les mêmes épisodes ou jeux. C’est-à-dire qu’il nous arrive fréquemment de remettre les mêmes dessins animés ou jouer aux mêmes jeux. Je trouve que cela lui permet de savourer une nouvelle fois quelque chose qu’il connaît déjà, se poser de nouvelles questions, rire à nouveau et mieux comprendre le fil de l’histoire ou des détails qui lui auraient échappé. Puis on introduit au fur et à mesure de nouvelles choses.

Un moment de partage

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Chez nous, Titi a associé l’heure du goûter au moment où il regarde « la télé » (c’est-à-dire la selection de dessins animés que j’ai faite précédemment). C’est vrai qu’on dit souvent qu’il ne faut pas trop regarder la télé en mangeant. Nous, nous avons choisi de faire une exception pour le goûter. Généralement, Néné et lui s’installe sur le canapé pour regarder leurs émissions préférés, et ils rigolent ensemble, et ils commentent ce qui les font rire, et ils posent des questions sur ce qui se passe. Même si c’est le moment que je choisis également pour faire le dîner, j’essaie d’être un maximum présente pour suivre ce qu’ils regardent. D’une part, cela me permet de commenter également certaines choses (comme des mauvais comportements à ne pas imiter), mais aussi de comprendre un peu de quoi ils me parlent après (parce que oui, les dessins animés sont aussi chez nous des sujets de discussion). Même quand Titi joue à la tablette, il engage de lui-même la conversation : « Maman, maintenant, tu me dis : à quoi tu joues maintenant ? ». Il aime beaucoup qu’on s’intéresse à ce qu’il fait. Tant mieux, j’ai envie de dire. Et Papa n’est pas en reste. Titi et lui ont trouvé un centre d’intérêt commun, le foot, en regardant les épisodes d’Olive et Tom. Et cela se prolonge dans le jardin en jouant au foot, et dans les discussions du quotidien en parlant de l’esprit d’équipe, de la persévérance …

Un contenu adapté pour les enfants

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Je crois que les parents ne sont pas forcément conscients des choses qui se passent devant les écrans. Je ne suis pas une « experte » sur le sujet, simplement, je crois qu’il y a une méconnaissance ou une minimisation de l’effet de l’environnement sur nos enfants. Certains croient que les enfants « ne comprennent rien » à ce qu’ils entendent ou voient. Alors, s’ils sont « bébés » (jusqu’à quel âge ?), on leur laisse regarder des choses qui peuvent être choquantes pour le jeune public. Au final, ces enfants considéreront comme « banal » des choses qui sont bien loin de l’être notamment concernant la violence physique et verbale. Par rapport au contenu, je vais partager mon point de vue, qui est complètement personnel et que je n’impose à personne. Les médias pour enfants sont devenus insidieusement de plus en plus permissifs en termes de contenu. Certains mots méchants ou irrespectueux sont utilisés « naturellement » par certains héros sous prétexte que cela est devenu le langage courant. Ce qui montre que ce serait donc « normal » de parler ainsi. Certains comportements sont tolérés comme le mensonge, la vengeance, qui sont parfois présentés de manière amusante (entre parenthèse, c’est le cas aussi des films et séries pour les grands). Mais le message que l’on transmet à nos enfants via cela, c’est de dire, « c’est pas si grave », finalement, tu peux le faire un peu aussi. Sauf que le « un peu », ce n’est pas une notion très claire pour l’enfant. Soit il peut, soit il ne peut pas. Comment peut-il savoir dans quelles conditions cela s’applique ou non ? Je ne suis pas en train de dire qu’il faut toujours présenter un contenu aseptisé à nos enfants. Cela ne les aiderait pas non plus, car ils ont aussi un entourage qui exercera un influence sur eux. L’idéal est de leur présenter les choses, mais que celles-ci soient sujet à discussion : leur faire comprendre que tout le monde ne pense pas de la même façon, que nous n’avons pas forcément les mêmes convictions que la famille de son copain, que son super-héros ne fait pas que des choses « bien ». Cela demande également beaucoup d’effort d’accepter que nous aussi, en tant que parents, nous pouvons nous tromper, et qu’on ne connait pas tout. C’est toute une façon de raisonner qui se crée dès l’enfance.

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